Durant toute la traversée, Peau m'a tenu compagnie. Il était si charmant... Chacune de nos conversations abritait un compliment, un mot gentil, un sourire... J'avais envie que jamais ce voyage ne trouve sa fin.
Puis nous avons amarré au port et Peau, se faisant passer pour le serviteur d'un riche négociant en or, réussit à attirer la princesse à bord. Nous mîmes aussitôt les voiles et, bien que farouche au départ, la princesse sembla s'accorder de Pomme en guise de fiancé et nous passâmes un agréable moment. Seul Peau paraissait troublé.
Oh, toujours courtois et avenant ! Mais il observait sans cesse deux corbeaux ayant élu domicile à la proue.
Un jour où nous devisions gaiement, il m'interrompit brutalement.
— Est-ce que vous les entendez ? Est-ce que vous entendez les corbeaux ?
Un peu surprise, j'hochais la tête.
— Bien sûr, Peau. Je les entends.
Il se pencha vers moi, le visage déformé par l'angoisse.
— Et que disent-ils ?
— Ils croassent. Ce sont des corbeaux.
Il resta un instant silencieux avant d'éclater d'un rire soulagé.
— Bien évidemment ! Ce sont des corbeaux !
La suite... La suite est trop dure à raconter pour moi.
Par
bezuth