Impromp'Texts

J'ai dit non !
Tu m'entends, Chouquette ? Tu dois pas sortir ! Fais comme Rebulle : il tourne bien en rond dans son bocal.
Alors c'est non ! Tu sortiras pas ! Retourne dormir sur le lit de Maman. Mais ne la réveille pas... Je l'ai entendue, elle a toussé toute la nuit. Elle doit être fatiguée.
En plus, Papa dit qu'elle fait une grosse fièvre et que je dois surtout pas lui faire de câlins. Alors vas-y, toi ! Va ronronner à côté d'elle et dis-lui comme je l'aime.
Et quand tout ça ça sera fini, on ira jouer dehors, Chouquette. Tu seras le virus et moi le chercheur, c'est mieux que gendarmes et voleur !
Et peut-être que je trouverai comment soigner maman ?
Mais en attendant, tu sors pas !

~Bezuth

Les seules larmes auxquelles elle peut désormais prétendre sont celles que la pluie lui prête.

Quand un éfrit et une pyromane se rencontrent...

C'est une vocation qui m'a attrapé, comme ça. Je ne l'ai pas vraiment choisie ; elle a frappé à ma porte un beau matin, sous la forme d'un petit nuage bourré de pluie et mon coeur délaissé s'est entiché de cette boule de coton mouillé.

— Salut, m'a-t-elle dit, ça te dérange de m'héberger ?

J'ai secoué la tête, un peu sidéré par ce mirage, et mon salon s'est transformé en champ de nuages.

Ce n'est qu'une lubie. Elle passera.

Ma vie ne serait qu'une poussière parmi tant d'autres si tu n'étais pas la lumière qui lui donne son éclat.

~Bezuth

Un loup roussi en guise de renard dont les rubans, lâches, m'enserraient d'autant plus le crâne. Les yeux du masque n'étaient pas en face des trous, battements de paupières impromptus au rythme des pas de danse qui occultaient mon âme comme deux volets rendus fous par le vent.

"Connaissez-vous le conte du Chat Botté ?

- Sans doute.

- Alors appelez-moi Marquis.

- Très bien, mais Marquis de quoi ? Carabasse ?"

Je me penchais en avant avec un sourire.

"Pourquoi pas le Marquis de vos Nuits ?"

Tu es vraiment quelqu'un de...

...

Oh mon dieu, tous les mots qui me viennent à l'esprit me paraissent si fades lorsque je croise l'univers de ton regard.

Stories.

These are just stories.

Stories of how I'd like to have met you. And stories about how I will forget you.

Je n'ai qu'une seule crainte, c'est qu'un jour, il oublie de se retourner pour vérifier que je le suis, et qu'il continue d'avancer alors que je me noie dans son indifférence.

~Bezuth

- Tu m'as fait si peur...

- Je fais toujours peur aux gens.

- Pourquoi as-tu fait ça ?

- Parce que tu y prêtes attention.

- Je ne comprends pas, à quoi je prête attention ?

- A tout. Tu appartiens à ce type de gens, tu prendras soin de moi tout au long de ma vie et ce sera ennuyant pour toi. Pour nous deux, en fait.

- Que veux-tu dire ?

- Ce que je veux dire, c'est que je m'en moque. Et je suis capable de me tuer pour te l'enseigner.

~Bezuth

J'offre mon visage à l'eau brûlante qui embrasse mon corps de ses caresses douloureuses, noyant mes larmes dans cette étreinte éphémère qu'aucun ne saurait retenir. Je ferme le robinet et les dernières gouttes glissent sur ma peau, laissant derrière elles les traînées rougeâtres des souffrances que je m'impose, cicatrices illusoires des stigmates de mon âme.

Je suis en vie.

~ Bezuth

Sottement, j'ai laissé échapper mon dernier mot.

"Pourquoi ?"

Il résume tout.

C'est tout ce qu'il me manque pour comprendre.

J'ai besoin de passion, de drames.

Mon coeur s'emballe rien qu'à cette idée, je m'enflamme pour une illusion qui n'existera jamais que dans mon esprit où dansent des doubles de moi-même, éclatantes de majesté, bénies par une bonne étoile qui ne compte pas me visiter.

Emma Bovary de chair et de vapeurs, je vis par procuration mes rêves, oubliant d'être tout simplement.

~Bezuth

Ses lèvres de soie papillonnent au coeur à corps dans un bruissement vermeil qui résonne dans mon être comme un écho de son futur, vieille prostituée aux pétales fanés par de trop courts baisers.

~Bezuth

Le livre luisait faiblement dans le clair-obscur. Sur sa couverture se découpaient des volutes qui s'entremêlaient dans un dessin entêtant. Il semblait que l'encre qui avait servi à leur esquisse était de l'argent liquide. Elle posa sa main sur le livre et celui-ci se mit à chanter. Après un instant, elle osa à nouveau toucher le livre et l'ouvrit. Les volutes couraient là aussi sur toutes les pages dans un entrelacs délicieux. Des éclats de lumière parcouraient les traits orangés et des choeurs chantaient en sourdine.

Ma mémoire est pareille à ce ticket de caisse ; elle persiste quelques mois puis s'estompe tout doucement, sans qu'on s'en rende compte, jusqu'à ce qu'il soit trop tard et que le papier redevienne vierge.

Et là, vous pouvez oublier la garantie.

~Bezuth

Bonjour.

Ne faites pas attention à moi ; je vais aller m'installer dans le fond de la salle et vous ne me verrez plus. Je serai l'invisible qui est partout, qui assiste à tout sans jamais intervenir.

Mais voilà, aujourd'hui j'avais envie de vous dire bonjour, pour que vous sachiez que j'existe.

Parce que même s'il ne reste que moi, ce sera toujours ça, pas vrai ?

~Bezuth

Si j'avais plusieurs vies, je serais Chevalier de la Table Ronde.

"Donne-moi ta main !

- Je peux pas !

- Alice ! Donne-moi ta main j’te dis !

- J’vois rien, Jérome, j’voir rien et j’ai peur !

- Alice, donne-moi ta main, tout va bien se passer.

- Mais je peux pas !

- DONNE-MOI TA MAIN !

- J’EN AI PLUS !"

Comment peux-tu imaginer ce que supportent ces gens ? Tu as toujours vécu dans la normalité. Tu ne sais pas ce que veut dire être différent. Souffrir du regard des autres. Devoir vivre avec ta honte d'exister. Mais je ne t'en veux pas. Tant que tu restes à ta place et que tu ne fais pas semblant de savoir.

~Bezuth

Quand j'étais petite, j'rêvais d'être Anastasia

(Une des seules princesses qu'ont jamais eu de "Disney Mania").

Mais les Romanov c'est pas vraiment un conte de fées

C'est plus le genre histoire de réalité.

~Bezuth

Bezuth, étudiante en médecine, vingt ans, Ardennaise.

Auteure.

C'est fou ce que ces mots ont du mal à être réunis, parfois.

Si j'avais plusieurs vies, je serais voleuse.

Si j'avais plusieurs vies, je serais égyptologue au XIXe siècle.

Je ne me souviens pas de ma vie avant toi. J'essaie, je te jure. Mais pas moyen de me rappeler ce que c'est, être seul, survivre sans toi. J'ai cru t'avoir perdu, une fois ; je ne veux pas que cela recommence. Rien à faire, je ne peux pas imaginer que tu quittes ma vie ; il n'y a que pour toi que je fais l'effort, que pour toi que j'arrête de faire semblant...

Que crois-tu qu'il se passera, le jour où tu ne seras plus là pour soutenir mes fils ?

Je t'aime plus que ma vie. Parce que ma vie ne vaudrait rien si tu ne me forçais pas à exister.

~Bezuth

Il paraît que n'importe quel déguisement reste un autoportrait.

Alors... un autoportrait peut-il être un déguisement ? Soit. Allons-y !

Plongeons-nous dans la peau de quelqu'un.

Elle, par exemple.

Je ferme les yeux et je l'imagine aussitôt. Mais ce n'est pas elle, c'est plus qu'elle, c'est elle et moi.

C'est elle sans moi.

~Bezuth

Si j'avais plusieurs vies, je serais pyromancienne.

Pas pyromane, ni artificière. Pyromancienne ; pour jouer avec le feu, il faut un peu de magie. Au risque de me brûler le bout des doigts à dresser les flammes, je m'y risquerais. J'ai déjà la carrure d'une allumette grillée alors un ou deux cheveux de moins n'y changeront rien.

Je ne regarderais plus, émerveillée, la braise qui danse au bout d'un bâton crâmé en traçant des dessins éphémères dans la nuit ; je les coucherais sur le papier du ciel moi-même.

~Bezuth

Le sommeil distille ses vapeurs dans les brumes de mon cerveau et la lande de mon imagination se couvre d'un léger tapis de rêves nuageux.

~Bezuth

Les acteurs de mon rêve frappent à la porte ouverte de mes paupières prêtes à s'abattre comme un lourd rideau de théâtre, écrasant d'une nuit silencieuse tous les soubresauts de vie, tandis que sur scène le jeu se met en place et frappe trois coups.

~Bezuth

Impromp'texts ? Quézako ?

Un Impromp'text, c'est quelque chose qui vous chatouille l'esprit, qui tourne sous votre langue et que vous remâchez comme un bonbon gélifié un peu passé mais toujours aussi sucré, puis qui sort tout seul sous vos doigts et s'envoie sous la forme de quelques lignes de sms (ou de texte) pour toucher quelqu'un d'autre.
Un Impromp'text, c'est un ensemble de mots doux ou tristes, puissants ou drôles, qui frappent ou qui apaisent.
Un Impromp'text, c'est le ruban que nous a donné une fille qu'on aime bien et qui nous apporte l'odeur de ses cheveux.
Un Impromp'text, c'est le lys blanc qu'un petit garçon vole dans le jardin public pour l'offrir encore plein de terre à sa mère.
Les Impromp'texts, c'est un cadeau que m'a offert mon Éminence Grise personnelle, et que je vous offre maintenant.

~Bezuth