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La Philosophie de Comptoir

bezuth Par Le 23/01/2017 0

Dans Et après ?

C'est drôle - enfin, tu ne peux pas t'en rendre compte - mais je rédige ce commentaire dans ce même carnet qui a servi de support à cette nouvelle. Une nouvelle qui me déchire à chaque fois que je la relis. Car comme tout le monde depuis que cette maladie a été étalée à la portée de tous, j'ai peur un jour de l'attraper comme un virus et de tout doucement descendre vers ma fin.

Sans m'en rendre compte.

C'est stupide.

Tout d'abord parce que la maladie d'Alzeihmer n'est pas un virus, bravo à toi si tu as fait gaffe.

Mais surtout parce qu'il vaut mieux s'éteindre tout doucement dans l'oubli de sa propre douleur qu'à petit feu dans un état permanent de conscience de sa déchéance.

Mais ça n'engage que mon point de vue et de toute façon je préfèrerais de loin mourir rapidement le jour de cette fameuse échéance !

La Maladie, avec un grand M

Attention, je n'ai pas dit qu'une personne souffrante de la maladie d'Alzeihmer n'était JAMAIS consciente de son état ; ma nouvelle n'aurait dans ce cas de figure aucune portée empathique. A ce sujet, mon frère m'a fait découvrir récemment un très beau titre de Thiefaine, je te laisse lui prêter une oreille.

La maladie d'Alzeihmer a été décrite par monsieur Alzeihmer, comme tu peux t'en douter. Et après, on en a trouvé d'autres, de maladies grignotant la mémoire et les "fonctions supérieures" (id est à peu près tout ce qui implique le cerveau de manière consciente), comme la maladie à corps de Lewy. Au gré de l'avancée de la nomenclature, on a élaboré des syndromes, on les a dissociés, rassemblés, ratatouillés...

Ce qui fait qu'aujourd'hui, on peut s'y perdre pas mal (même avec mon cours sous les yeux).

En tout cas, la maladie d'Alzeihmer détruit peu à peu ce qu'on appelle la mémoire autobiographique, ce qui explique que la personne en souffrant se souvienne mieux de sa jeunesse que de ce que lui a dit un de ses descendants une heure plus tôt et qui lui répètera, exaspéré, en ponctuant son information d'un "Mais tu ne te souviens pas ?".

Et non, il ne s'en souviendra pas, et c'est là que ce bon vieux Alzeihmer devient vicieux.

Les temps

Mais trève de glissements, je ne suis pas là pour te donner un cours sur Alzeihmer. D'ailleurs, on dit maladie d'Alzeihmer et pas Alzeihmer tout court, le pauvre il pourrait se sentir insulté, lui qui était tout glorieux d'avoir réussi à caser son nom dans une découverte scientifique pour la postérité.

Je m'égare encore.

J'ai eu de nombreux retours sur la concordance des temps. Ah... le temps. Je dois t'avouer que j'adore les notions de paradoxes et d'implications temporelles. Bien sûr que la concordance est bouleversée sciemment ! Mon personnage, mon petit vieux si tu me passes cette adorable expression pleine d'un amour à sens unique pour une personne d'encre et de papier qui, peut-être, existe dans un autre monde, souffre d'Alzeihmer ! Il revit son passé comme un moyen de s'enfuir loin de cette réalité où ses souvenirs s'effacent, espérant ainsi vivre une nouvelle vie.

Maintenant que je l'écris - car ça me trotte dans la tête depuis un mois - je me rends compte que ça me fait rudement penser à cet épisode du Visiteur du Futur.

Mais voilà, je m'excuse si ça a été difficile, voire même ennuyant à lire pour tes yeux et ton corps qui aspiraient à de tranquilles vacances...

"Entre mon être et mon paraître"

Je l'ai écrit sans vraiment m'approfondir dessus mais cette phrase est importante. Je ne le savais pas au moment de l'écriture (juin...) mais certaines personnes arrivent à maintenir un vernir de façade pour se protéger eux-même de cette maladie qu'ils dénient.

Et c'est au médecin qu'il incombe d'écailler cette laque si fragile...

La Philosophie de Comptoir

Pour moi, cela consiste à trouver la beauté au coeur de chaque petit détail de la vie.

Mais pour toi, peut-être que cela fait écho à autre chose. Parle-moi ! J'en ai assez de jeter mes mots à un mur. Ils ne reviennent jamais, je devrais peut-être les tenir en laisse. Mais mettre ses pensées en laisse est le meilleur moyen de perdre la route de ses idées... non ?
 

Tu sais ce qui est le pire dans la maladie ?

C'est d'avoir honte d'imposer son état aux autres.

Ce sentiment te ronge plus sûrement que n'importe quel cancer, n'importe quel médicament, n'importe quel trouble de la mémoire.

Parce que quand ta conscience s'éveille, rien ne peut effacer cette honte.

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